L'objet du contrat : licéité et détermination

Publié le 10 août 2024 à 09:18

L'objet du contrat est un élément fondamental dans la formation et l'exécution des accords contractuels. En droit, il doit satisfaire à des critères de licéité et de détermination pour garantir la validité du contrat. Cette exigence est essentielle pour assurer la conformité des engagements aux règles juridiques et pour clarifier les obligations des parties. Cette analyse explore les exigences légales relatives à l'objet du contrat, en mettant l'accent sur sa licéité et sa détermination.

 

 

I. La licéité de l'objet du contrat

La licéité de l'objet du contrat est une condition sine qua non de sa validité. L'objet doit être conforme à l'ordre public et aux bonnes mœurs, ce qui implique qu'il ne doit pas violer les lois et règlements en vigueur ni contrarier les principes moraux acceptés par la société.

Selon l'article 6 du Code civil français, « Les conventions doivent être exécutées de bonne foi. » En complément, l'article 1128 du Code civil français (Article 1108 du code civil ivoirien) précise que pour qu'un contrat soit valide, il doit avoir un objet « certain » qui en forme la matière. Cela implique que l'objet du contrat ne peut être ni contraire à l'ordre public, ni aux bonnes mœurs. Par exemple, un contrat portant sur des activités illégales, telles que la vente de substances interdites ou de biens volés, est nul et non avenu.

Les clauses contractuelles qui contiennent des engagements illicites ou contraires à l'ordre public sont également réputées nulles (Article 6 du code civil ivoirien). L'article 1171 du Code civil français soutient que « Toute clause qui crée un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au détriment du consommateur est réputée non écrite. » Cette disposition vise à éviter les abus de pouvoir et à protéger les parties contre des conditions injustes. Par conséquent, même si l'objet général du contrat est licite, une clause spécifique peut être annulée si elle enfreint les normes juridiques.

 

II. La détermination de l'objet du contrat

En plus de la licéité, l'objet du contrat doit être déterminé ou déterminable. Cette exigence vise à assurer que les obligations des parties sont suffisamment claires pour être exécutées.

L'article 1163 du Code civil français (Article 1129 du code civil ivoirien) dispose que « L’objet du contrat est la prestation à laquelle les parties s’obligent. Il doit être déterminé ou déterminable. » Cela signifie que les parties doivent définir clairement ce qu'elles s'engagent à fournir ou à recevoir. Un contrat dont l'objet est indéterminé est considéré comme nul, car il est impossible de déterminer les obligations exactes des parties.

Cependant, la détermination de l'objet peut être effectuée par référence à des éléments externes. Par exemple, dans un contrat de vente, l'objet peut être désigné par référence à un catalogue ou à une norme technique spécifique. Cette flexibilité permet aux parties d'ajuster les termes du contrat tout en respectant la condition de détermination. L'article 1163 du Code civil français (Article 1129 du code civil ivoirien) permet cette approche en affirmant que l'objet doit être « déterminé ou déterminable », offrant ainsi une certaine souplesse tout en garantissant que l'objet du contrat est suffisamment précis pour éviter les ambiguïtés.

La jurisprudence française a également affirmé l'importance de la détermination précise de l'objet. Par exemple, dans l'arrêt du 15 février 1995 (Cass. civ. 1, 15 février 1995, n° 93-15.280), la Cour de cassation a annulé un contrat en raison de l'indétermination de son objet, soulignant que cette indétermination rendait l'exécution du contrat impossible. Cette décision illustre l'importance de la clarté et de la précision dans la définition de l'objet contractuel.

 

III. La licéité et la détermination de l'objet dans les autres systèmes juridiques

Les principes de licéité et de détermination de l'objet du contrat sont également reconnus dans d'autres systèmes juridiques, bien que les règles spécifiques puissent varier.

Dans le droit anglo-saxon, par exemple, les contrats doivent avoir une cause licite et l'objet doit être suffisamment défini pour être exécutoire. Le Common Law exige que les parties aient l'intention de créer des obligations légales et que l'objet du contrat ne soit pas contraire à l'ordre public. De même, dans les systèmes juridiques de l'espace OHADA, les règles concernant la licéité et la détermination de l'objet du contrat sont alignées avec les principes des Codes civils des pays membres. Cette harmonisation vise à garantir une certaine cohérence juridique au sein des pays membres tout en respectant les spécificités locales.

 

 

La licéité et la détermination de l'objet du contrat sont des conditions essentielles pour la validité des accords contractuels. La licéité assure que les engagements pris ne contreviennent pas aux normes juridiques et morales, tandis que la détermination garantit que les obligations des parties sont suffisamment claires et exécutables. Le respect de ces principes est crucial pour la validité des contrats et la protection des parties impliquées. Une compréhension approfondie et une application rigoureuse de ces exigences contribuent à la sécurité juridique et à la confiance dans les relations contractuelles. Les bases légales fournissent un cadre clair pour l'élaboration et l'exécution des contrats, assurant ainsi leur conformité aux exigences légales et leur efficacité en pratique.

 

 

Références

 

1. Codes civils français et ivoirien

  • Article 6 du code civil français : Obligation d'exécuter les conventions de bonne foi.
  • Article 1128 du code civil français / Article 1108 du code civil ivoirien : Conditions de validité des contrats, notamment sur la nécessité d'un objet certain.
  • Article 1171 : Nullité des clauses créant un déséquilibre significatif.
  • Article 1163 du code civil français / Article 1129 du code civil ivoirien : Détermination ou déterminabilité de l'objet du contrat.

2. Jurisprudence

  • Cass. civ. 1, 15 février 1995, n° 93-15.280 : Décision sur la détermination de l'objet et la validité des contrats.

 

3. Bibliographie complémentaire 

  • Jean Carbonnier, Droit civil, Les obligations_, LGDJ, 2018.
  • Guy Carcassonne, Les grands arrêts de la jurisprudence civil, Dalloz, 2020.
  • Philippe Malaurie et Laurent Aynès, Droit civil, Les contrats spéciaux, Lextenso, 2019.

 

 

 

Luc Kouassi
Juriste Consultant Bilingue | Formateur | Spécialiste en rédaction de contrats, d'actes extrajudiciaires, d'articles juridiques et des questions relatives au droit du travail et des baux | Politiste en formation | Bénévole humanitaire.

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